Catherine Dior, un aperçu de sa vie discrète et influente

Catherine Dior, un aperçu de sa vie discrète et influente

L’héroïne insoupçonnée qu’elle était Catherine Dior revient sur le devant de la scène ces jours-ci, incarnée par l’actrice Maisie Williams dans Nouveau look, la nouvelle série Apple TV+ sur la vie et l’œuvre de son frère aîné, le légendaire couturier. Christian Dior.

Née en 1917 dans la prospère famille Dior, cadette d’une fratrie de cinq enfants, elle semblait destinée à une existence décorative. Mais lorsque la fortune familiale s’évanouit soudainement à la suite de l’échec de leur entreprise immobilière, mener une vie oisive n’est plus un choix évident.. En 1935, l’adolescente Catherine quitte la Villa Les Rhumbs, la majestueuse demeure familiale de Granville, pour s’installer dans un mas délabré en Provence. Elle s’enfuit bientôt à Paris pour vivre avec son frère Christian, vendant des accessoires pour une maison de couture tandis qu’il diffuse ses croquis.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les deux frères retournent dans le sud de la France et vivent de la culture de légumes qu’ils vendent à Cannes. C’est là, après le retour de Christian dans la capitale pour se réinsérer dans l’ambiance chiffon, que Catherine rencontrera et s’éprendra d’Hervé des Charbonneries, marié et père de trois enfants, militant de la Résistance française. Comme le raconte Justine Picardie dans sa biographie Miss Dior : une histoire de courage et de couture (éd. Farrar, Straus et Giroux, 2021), la vie de Catherine Dior a pris un tournant inattendu : en 1941, elle entre dans la Résistance sous le nom de code de Caro. Un roman récent de Christine Wells, Sœurs de la Résistance (William Morrow), recrée le vibrant circuit clandestin qui entourait Catherine à Paris à l’époque.

De gauche à droite, Catherine Dior pendant la Seconde Guerre mondiale ; couverture de Mlle Dior de Justine Picardie, publié par Farrar, Straus et Giroux.

Portrait : avec l’aimable autorisation de la collection Christian Dior Parfums, Paris ; couverture : © 2021 Macmillan

Caro est arrêtée en 1944 et, après avoir été torturée à plusieurs reprises par la Gestapo (elle n’a jamais trahi ses camarades), elle est détenue dans une prison française réquisitionnée par les Allemands. Désespéré, Christian se tourne vers le diplomate suédois Raoul Nordling, qui tente en vain de lui confier Catherine. Au lieu de cela, en août elle est emmenée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück.Elle est ensuite transférée dans des camps encore plus inhumains : Torgau, Abteroda, et enfin, en 1945, à Markkleeberg. Avec l’arrivée imminente des Alliés, les détenus sont poussés dans une marche de la mort, dont Catherine parvient à s’échapper. En dehors des témoignages qu’elle a faits contre ses tortionnaires, elle n’a pratiquement jamais parlé de ses épreuves.

Lorsque Dior présente sa collection historique New Look, par une froide journée d’hiver de février 1947, c’est dans une pièce parfumée de Miss Dior : un parfum qui, tel qu’imaginé par le couturiersentait l’amour », « sentait l’amour ».. L’histoire raconte que le parfum a reçu son nom un jour où Dior rencontrait sa muse et collègue Mizza Bricard, et que soudain Catherine est entrée dans la pièce : « Regardez, regardez ! » s’est exclamée Bricard. « Mlle Dior ! Une robe du soir « mille fleurs » au décolleté sans bretelles, présentée pour la première fois en 1949, est baptisée de la même façon. Pendant ce temps, la vraie Miss Dior reprend une vie tranquille, loin du monde de la mode, vivant dans sa ferme en Provence et vendant des fleurs – aux côtés de Des Charbonneries – au marché aux fleurs historique de Paris, décrit par un journaliste américain en 1954 comme « un jardin enchanté sous les immenses coupoles de verre des Halles ». Si l’écrivain voyait le marché comme une bulle multicolore et ensoleillée, les frères Dior étaient bien conscients que la réalité est plus chaotique, que le marché n’est pas un lieu d’échange, qu’il n’est pas un lieu d’échange. il n’est pas facile de créer la vie à partir de la terre ou du tissu. Le romantisme doux du New Look a été obtenu grâce à une architecture intérieure rigide. À la mort de son frère en 1957, Catherine a été nommée « héritière morale », chargée de sauvegarder son héritage artistique, une tâche qu’elle a abordée avec une grande méticulosité. Elle a conservé intact le contenu de la maison de son frère, y compris son jeu de cartes.

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