Plus excessif et plus « Galliano » que jamais : le défilé de Maison Margiela nous rappelle que la Haute Couture en 2024, c’est continuer à rêver.

Plus excessif et plus « Galliano » que jamais : le défilé de Maison Margiela nous rappelle que la Haute Couture en 2024, c’est continuer à rêver.

Excès, décadence et mélodrame. A John Gallianole génie devait sortir de lui quelque part. Sa nomination à la tête de Margiela a entraîné avec lui une période de low profile qui s’est faite de moins en moins discrète saison après saison. De la coexistence de ses codes hyper-reconnaissables avec le langage esthétique de la maison, il est passé à la Haute Couture de ce printemps-été 2024 pour sauter comme un ressort. Une bombe qui a implosé avec le Galliano le plus pur, le plus plastique et le plus poétique dont on se souvient depuis son passage à la tête de Dior.. Le couturier a mis la cerise sur le gâteau d’une semaine de la mode avec la même démesure à laquelle il avait habitué le secteur avec ses défilés de Haute Couture au début des années 2000.

Margiela Artisanal 2024 a transporté le public dans l’atmosphère bohème d’une soirée parisienne, sous le pont Alexandre III et au son de la Seine. L’atmosphère était intime et évocatrice, à l’image du défilé que le créateur avait organisé, presque en ruine, dans la maison São Schlumberger en 1994. Dans cette présentation, le noir teintait tout, et cette fois-ci, c’est le point de départ de Galliano, à travers la gaze sensuelle, le tulle et la dentelle, ne laissant que certaines licences chromatiques aux nus, aux bruns, aux gris tricotés ou aux bleus. Partant des portraits de Brassai de 1920 et 1930, le Gibraltarien revient à l’époque de l’art contemporain. Belle Époquela période qui inspire le plus sa créativité, afin de mieux faire connaître la une silhouette en sablier qui est le leitmotiv de toute la proposition. Leur taille est exagérément marquée par les corsets du dix-neuvième siècle qu’elles portaient également : nous avons ici des modèles tels que Léon Damela star des défilés de la marque, en bustier et pantalon de tailleur, dans un look qui parle autant de Galliano que de Margiela. Le geste, inédit depuis Mr. Pearl, est un autre clin d’œil à certains dandys de l’époque qui nous invite encore aujourd’hui à nous mettre à l’heure de la mode. une Haute Couture plus inclusivequi ne s’adresse pas uniquement à la clientèle traditionnellement féminine. Une sorte de démonstration, comme je l’ai commenté IDqu’ouvrir la porte à la nostalgie n’implique pas nécessairement un retour aux idéaux du passé.

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