Josep Font : « Chez Delpozo, je n’ai pas aimé le projet parce qu’ils n’avaient aucune expérience de la vente au détail ».

Josep Font : « Chez Delpozo, je n’ai pas aimé le projet parce qu’ils n’avaient aucune expérience de la vente au détail ».

Ce numéro a été publié dans le numéro de juillet de Vogue.

L’énigme nourrit le mythe. Il est arrivé à Cristóbal Balenciagaqui n’a donné que quelques interviews dans sa vie. Avec l’aide de Josep Font (Santa Perpetua de Moguda, 1965), c’est un peu la même chose. Il est l’un des talents les plus reconnus de la mode espagnole, mais il a préféré se faire discret depuis qu’il a quitté la direction créative de la firme nationale Delpozo en 2018, de manière abrupte et sans explication. Cinq ans plus tard, il réapparaît sous les feux de la rampe : le Musée Balenciaga à Getaria accueillera du 30 juin au 7 janvier 2024 la première rétrospective consacrée au designer catalan. L’un des principaux promoteurs de cette initiative est l’historien Josep Casamartina, qui en est le commissaire. En tant que responsable des archives principales de Font à la Fundació Antoni de Montpalau, Casamartina l’a contacté pour organiser une exposition, jusqu’à ce qu’il accepte finalement de le faire. Sa réputation de perfectionniste le précède : « Si je fais des choses, je veux qu’elles soient bien faites. Si ce n’est pas le cas, cela ne m’intéresse pas », déclare le couturier catalan à cette tribune. Josep Font. Beauté et agitation retrace chronologiquement ses 30 ans de carrière, depuis ses débuts sur les podiums de Gaudí et de Cibeles jusqu’aux défilés de mode à Paris, en passant par la haute couture et enfin Delpozo, l’apogée de sa carrière. Pour quelqu’un qui vit toujours dans le présent et l’avenir, il est un peu difficile de regarder en arrière. Ce n’est pas par manque de mémoire, car sa précision lui permet d’évoquer les équipements, les tissus et les noms des collections. L’entoilage est plus émotionnel : « Il m’a fait me souvenir de beaucoup de choses. Comment, quand et où il a été fabriqué, qui l’a porté et à quelle heure j’étais d’humeur », admet-il. Le processus, explique-t-il, a été lent. Un an et demi de conversations et de prêts en provenance d’ et des États-Unis ont abouti à un projet supervisé par Font lui-même à chaque étape. « Je suis satisfait des pièces qui seront exposées. Il aurait pu y en avoir plus, évidemment. Mais aussi moins », précise-t-il.

Portrait de Josep Font.Javier Biosca

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