Pour les sacs à main (et contre l’homophobie) : le cas de Borja Iglesias et Aitor Ruibal

Pour les sacs à main (et contre l’homophobie) : le cas de Borja Iglesias et Aitor Ruibal

Dans certains cercles, probablement restreints, on parle de plus en plus d’hommes déconstruits. Mais, qu’est-ce qu’un homme déconstruit ? Ce n’est pas très clair, en tout cas, nous semblons tous d’accord sur le fait qu’il s’agit d’un processus sans fin, qu’il s’agit de renoncer à des privilèges et de s’approcher d’une nouvelle manière, plus féminisée, d’appréhender la vie et les relations. Non pas parce que la féminité est bonne et la masculinité mauvaise en soi, mais parce que les valeurs associées à la masculinité sont (presque toujours) oppressives pour tous les êtres humains.

Pour qu’un homme conserve sa masculinité intacte, il doit se conformer aux mandats de genre. Ou, pour le dire autrement, il doit agir comme un homme et en avoir l’air. Toujours. Si vous ne le faites pas, le pire pourrait arriver : votre virilité pourrait être remise en question et, par conséquent, quelqu’un pourrait penser que vous êtes homosexuel ou bisexuel. L’une ou l’autre tendance affectivo-sexuelle est punie par l’homophobie. La seule option valable est de pratiquer en tant qu’homme cisgenre hétérosexuel (et que personne ne puisse le remettre en question).

Mais comment cela se passe-t-il ? Tout dépend de la performativité. Pour reprendre les termes de la philosophe féministe Judith Butlercet acte performatif est « une répétition et un rituel qui atteint son effet par sa naturalisation dans le contexte d’un corps ». Qu’est-ce que cela signifie ? Que ce sont les gestes, les comportements, ainsi que notre apparence physique qui détermineront si les autres nous classent en tant qu’homme ou femme. Y si une chose est claire, c’est que les hommes ne portent pas de sac à main.. Peu importe que la mode présente de plus en plus d’accessoires pour hommes ou d’accessoires sans genre : force est de constater que cette tendance n’a pas vraiment le vent en poupe en dehors des podiums et des soirées animées par des célébrités.

Cela fait des années que l’on voit Bad Bunny porter une robe et un diadème, Harry Styles faire des perles et des plumes son uniforme, et Jacob Elordi les sacs que nous voulons tous (de Fendi à Bottega Veneta), mais il semble que cette dérive qui nous réjouissait tant, car inclusive, moderne et adaptée à l’air du temps, ne soit pas aussi répandue qu’il n’y paraît.

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